Eric Clapton : Soixante ans de Matos !

Guitares et amplis d’Eric Clapton : Eric Clapton, sans conteste l’un des plus grands bluesmen britanniques des années 60, revient avec un nouvel album, Meanwhile, et un single “The Call” sur lequel on reconnaît bien le son unique de sa Stratocaster. L’occasion pour nous de revenir sur les nombreuses évolutions d’un musicien fan de matos.

Yardbirds : les débuts (1963 – 1965)

Au commencement étaient les Yardbirds. Après une enfance compliquée, Eric commence vraiment à jouer de la guitare à l’âge de quinze ans. Il est profondément influencé par les disques de blues américain qui circulent parmi les adolescents britanniques au début des années 1960. Il développe son jeu électrique en écoutant les grands comme B.B. King, Freddie King et Buddy Guy, puis à l’âge de 18 ans il rejoint le groupe de rhythm n’ blues The Yardbirds.

Le manager des Yardbirds lui confie alors la guitare qui va avec le job : une superbe Fender Telecaster de 1963, un modèle avec touche palissandre dans une très belle couleur custom Fiesta Red. À l’époque, les Fender ne sont pas si courantes de l’autre côté de l’Atlantique. Clapton se branche sur un Vox AC30, l’ampli de référence de la plupart des artistes britanniques de l’époque. Lorsqu’il quitte le groupe en 1965 au moment du single “For Your Love”, il laisse la Tele à son successeur qui n’est autre que Jeff Beck.

John Mayall : la découverte de la ‘Burst (1965 – 1966)

Eric est ensuite allé rejoindre le groupe du chanteur de blues John Mayall, The Bluesbreakers. Pour s’approcher du son de son idole dans le genre, Freddie King, il voulait une Gibson Les Paul Gold Top. Mais le modèle n’était plus produit, et en 1965 il a donc dû se contenter d’une Les Paul Sunburst d’occasion, le modèle nommé Standard.

La Les Paul n’a existé en finition sunburst que pendant trois ans, de 1958 à 1960, avant que cette forme ne soit arrêtée. Depuis, cette version avec les deux humbuckers PAF et le chevalet Tune-O-Matic est devenue la plus recherchée, et Clapton y est pour beaucoup. À l’heure actuelle, les modèles d’époque que l’on surnomme ‘Burst peuvent atteindre 350 000 dollars, et le Custom Shop de Gibson propose des rééditions ultra fidèles comme la Gibson Les Paul 59 GLF Heavy Aged

La Les Paul de Clapton datait probablement de 1960, mais elle a été volée en 1966 et il est donc impossible de la décrire précisément. On l’aperçoit sur quelques photos, et on l’entend bien sur l’album John Mayall & The Bluesbreakers With Eric Clapton. Pour cet enregistrement, il s’est branché sur un combo  Marshall 1962 Bluesbreaker bien poussé, et l’overdrive qui en a résulté est entrée dans la légende.

Cream : exploration de l’univers Gibson (1967 – 1968)

Après le vol de sa ‘Burst adorée, Clapton a emprunté et acheté des Les Paul à plusieurs de ses amis, Keith Richards et Andy Summers notamment. Puis lorsqu’il a monté le power trio Cream, on l’a vu avec plusieurs modèles Gibson dont il a tiré des sons qui ont défini le blues psychédélique britannique. La guitare la plus spectaculaire du lot est sans conteste la SG de 1964 surnommée “The Fool”.

C’est le nom du collectif d’artistes néerlandais qui sont responsables de la décoration hallucinante qui orne l’instrument. Il y a aussi la ES-335 rouge de 1964, reconnaissable par ses repères de touche en blocs et son chevalet fixe. C’est l’instrument phare du concert d’adieu du groupe en 1968.

Enfin, Clapton jouait aussi sur une Firebird I au sein de Cream. Il s’agit de la version la plus simple du fameux design de Gibson, avec un unique mini-humbucker et un chevalet-cordier wraparound.

Côté amplis, le groupe doit se faire entendre dans des grandes salles et c’est donc le moment où le stack Marshall devient le standard, en particulier le modèle Marshall JTM45, dit Plexi. C’est aussi l’époque où Clapton s’équipe d’une wah-wah Vox, un effet dont il est l’un des premiers utilisateurs.

Blind Faith : la transition vers Fender (1968 – 1970)

En 1969, suite à la dissolution de Cream, Eric monte un nouveau groupe en compagnie du chanteur Steve Winwood, Blind Faith. L’expérience sera de courte durée mais pour leur premier concert à Hyde Park, Clapton a une Telecaster Custom sunburst de 1962. Elle a un détail qui fait la différence : un manche de Strat érable des années 50, avec la petite tête typique de l’époque. C’est le début de la transition vers les Fender, et aussi son premier mélange entre plusieurs guitares.

Derek and the Dominos : Brownie et Blackie (1970 – 1988)

Après une tournée en compagnie de Delaney & Bonnie (il joue alors sur une Les Paul Custom noire Gibson Les Paul Custom EB GH à trois micros de la fin des années 50), Clapton sort son premier album solo et l’album de Derek & The Dominos. C’est le moment où il passe définitivement à la Stratocaster, qui reste son instrument de prédilection à ce jour.

La Stratocaster en question date de 1956, c’est celle que l’on voit sur la pochette de l’album éponyme de 1970. Elle est surnommée “Brownie”, en référence à son sunburst deux tons. Comme tous les modèles de cette époque, elle a une touche érable qui a très vite montré des traces de salissures sous les doigts d’Eric.

En plus d’avoir fait l’objet d’une réplique par le Custom Shop de Fender, Brownie a été vendue pour un demi-million de dollars aux enchères en 1999.

En 1973, Clapton passe d’une Strat à l’autre et Blackie devient sa principale. Celle-ci est un assemblage réalisé à partir de quatre Stratocaster des années 50 achetées à Nashville. Le manche date de 57 et le corps de 56, et le résultat devient l’instrument exclusif de Clapton jusqu’en 1986. Pour un musicien qui avait jusque-là expérimenté avec de très nombreuses guitares, Blackie semble lui convenir parfaitement. Elle reste d’ailleurs intimement associée à l’image de Clapton, et a été vendue aux enchères en 2004 pour pas loin d’un million de dollars.

Dans les années 70, Clapton s’intéresse aussi aux amplis Fender, et il joue donc notamment sur un très puissant Dual Showman pour la scène et sur un tout petit Champ en studio.

Crossroads : la Stratocaster signature (1988 – 2025)

En 1988, au moment de la sortie de la compilation Crossroads, Eric Clapton est le premier artiste à recevoir une Fender signature. Sa Stratocaster a un manche en V typique de 1957, des micros Lace Sensor et un boost des médiums actifs. Depuis, la Fender Clapton Strat Signature BLK est devenue un incontournable du catalogue Fender. Elle est d’ailleurs toujours disponible à l’heure actuelle, avec des micros Noiseless Vintage.

Pour ses concerts, Clapton fait généralement appel au Custom Shop, à qui il commande plusieurs Master Built dans des couleurs plus ou moins originales. Mais les caractéristiques de ces guitares restent toujours proches de son modèle.

Unplugged : la facette acoustique (1992 – 2025)

Même si Clapton s’est fait connaître en tant que guitariste électrique, il ne faut pas oublier sa facette acoustique. En 1992, l’album de son concert pour MTV, Unplugged, a à la fois relancé sa carrière et remis les Martin à la mode. La marque de Nazareth de n’y est pas trompée en lui attribuant un modèle signature Martin Guitar 000-28EC Eric Clapton qui est toujours au catalogue.

Sa guitare principale pour l’Unplugged est une magnifique 000-42 de 1939, un instrument d’une rareté extrême. Pour les titres sur cordes nylon (notamment “Tears in Heaven”), il a choisi une classique Alvarez.

En parallèle de son modèle signature, Clapton conçoit aussi régulièrement des éditions limitées pour Martin qui deviennent invariablement des pièces de collection.

Guitare Eric Clapton : au-delà de son empreinte colossale sur l’évolution du blues électrique, Clapton a été l’instigateur de plusieurs modes en matière de matos, et nous vivons encore dans un monde qui lui doit beaucoup. Il a eu l’idée de brancher une Les Paul sur un Marshall, il a prouvé la capacité d’une Martin 000 à jouer le blues, et il a rendu la Strat incontournable dans un contexte plus sage que Hendrix. Nous lui devons tous quelque chose, quel que soit notre style.

Les Guitares d’Eric Clapton – Ton avis

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