Le tarif est ridicule pour un instrument analogique à 8 voix, ce qui permet de se laisser tenter sans prendre de risques. Et c’est rusé de la part de Behringer, car la surprise est de taille et laisse voir ses prochaines productions comme autre chose que des « clones passables à pas cher ». Car après les BAR et classiques vintages à petit prix en version plastique, on a là une machine très sérieuse, et certainement pour la marque un essai réussi qui préfigure son avenir.
La qualité de fabrication est bonne pour ne pas dire surprenante. Les potentiomètres répondent bien et ne sont pas trop petits, les boutons à membrane sont corrects, l’écran basique donne les valeurs de chaque potentiomètre (avec une même échelle, ce qui est finalement pratique pour associer position du potard et valeur numérique).
Le logiciel téléchargeable sur le site officiel est basique : mise à jour du firmware, quelques réglages cachés dans les menus du synthé pour les allergiques aux raccourcis clavier et possibilités de changer le preset actif (pour utiliser cette fonction avec un séquenceur il faudra utiliser les deux entrées MIDI en USB et prise standard, l’une pour le contrôle par le logiciel Behringer, l’autre par le séquenceur). Attention, selon le séquenceur il faut désactiver dans les réglages MIDI l’entrée MIDI occupée par le logiciel Behringer, sinon cet utilitaire ne pourra pas y accéder (car elle sera occupée par le séquenceur même si on ne l’utilise pas dans le séquenceur).
Les presets d'origine sont passables (même pas une dizaine utilisables, même si les autres peuvent servir de base pour les modifier) mais ceux de The Sun God RA montrent ce que le Pro-800 a dans le ventre. De toute façon l'intérêt de ce synthé est de créer ses propres sons.
Et là, les 400 mémoires sont un gros bonus (sauvegardables en fichier par sysex, avec un utilitaire comme MIDI-OX, car le logiciel de Behringer n'a pas cette fonction), d’autant qu’il est extrêmement facile de sauvegarder un preset édité ou d’en copier un vers une autre mémoire pour le modifier. Une diode clignote dès qu’on change un réglage pour ne pas oublier de le sauvegarder.
Les raccourcis clavier utiles ne sont pas compliqués, pour le reste tout est en direct sous la main. C'est là la force d'un tel instrument : pas besoin de passer par un éditeur logiciel, on peut toucher chaque réglage avec le plaisir du contact et ajuster le son à son inspiration.
Si vous voulez voir les valeurs des réglages, il existe déjà plusieurs logiciels, dont PRO-800 Remote. Le guide original du Prophet 600 se trouve également en PDF avec tous les réglages des presets d'origine. Enfin la doc de Behringer mélange plusieurs langues, mais le synthé est tellement simple qu'elle n'est vraiment pas difficile à lire (et la plupart des infos importantes sont présentées dans des tableaux).
Le son justement est bon, il suffit de lui ajouter une petite réverb, un peu de délais ou un chorus et ça pète. On retrouve ces sonorités sur des analos beaucoup plus chers et avec souvent une polyphonie plus réduite. Quant aux VST, ce n’est pas le même plaisir car même avec un contrôleur, la proximité des réglages n’est pas la même : le PRO-800 est immédiat, ce qui n’a pas de prix, ou en l’occurrence oui, un très petit prix.
Le Behringer PRO-800 ne révolutionne donc pas le monde du son, car il existe d'autres instruments capables de faire pareil. En revanche, à ce tarif et avec cette qualité (y compris dans l'ergonomie de l'accès aux commandes), et avec 3 ans de garantie pour rassurer les plus hésitants, Behringer marque un très gros coup marketing.
La marque s’offre une entrée potentielle dans la cour des grands. A ce rythme, dans quelques années, il n'est pas exclu que Behringer devienne un producteur majeur d'analogiques, car il dispose désormais des moyens de production pour faire aussi bien que les autres.
La concurrence dans ce domaine se partage entre des instruments qui vivent de leur réputation méritée, mais hors de prix et pas toujours exempts de problèmes (et avec des composants majoritairement fabriqués en Chine et non plus aux USA comme avant), des VA qui dans le moyen de gamme ne sont pas terribles passé le hype et ne valent pas de vrais analos ou le haut de gamme des VA, et enfin des VST pas trop chers mais assez mauvais ou trop gourmands en ressources.
Le PRO-800 explose les VST et les VA moyen de gamme : mieux pour moins cher. Il sera intéressant de voir ce que donne le Behringer UB-Xa en termes de tarif et de qualité.
L’avenir sera-t-il d’un côté Behringer pour les synthés analos et en face les marques qui maîtrisent au top la technologie VA (Roland, Waldorf, Access...), plus quelques productions boutique pour les passionnés de machines bizarres ?
En attendant, le PRO-800 est un bon synthé analo classique, parfaitement utilisable et au prix d’un VST, les bugs de Windows et l’obsolescence d’OS X en moins.
Addendum : Synthtribe 2.6.7 permet de sauver les banques en sysex et le dernier firmware 1.3.7 permet de faire défiler les presets avec le potard VALUE. Top.
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